Grâce à différents fonds des Archives départementales du Maine-et-Loire et de celles de la ville de Saumur, j’ai pu reconstituer en partie la vie de mon ancêtre Marie-Louise Georges, mon arrière-arrière-arrière-grand-mère. À l’état civil si nécessaire au généalogiste, s’ajoute les archives de la presse saumuroise. Alors que la presse écrite connait une expansion sans précédent en France, grâce au développement des titres bon marché dès le milieu du XIXe siècle, il devient plus aisé de trouver des informations sur les événements de la vie de nos ancêtres. C’est ce qui est arrivé, malheureusement, à Marie-Louise.

L’Echo Saumurois-Edition du 6 décembre 1853-Archives de la ville de Saumur [En Ligne]
Naissance et mariage avec M. Ruesche
Marie-Louise est née le 11 janvier 1817 à Beaufort-en-Vallée, un village situé entre Angers et Saumur, qui fait aujourd’hui partie de la commune nouvelle de Beaufort-en-Anjou. Elle est la fille du filassier Mathurin Georges et de Marie Masson. Un filassier est une personne qui fabrique et vend des filasses, issues des filaments provenant de certains végétaux, certainement du chanvre à Beaufort. Marie-Louise a au moins un frère aîné, Mathurin, né en 1814, et un cadet né en 1818, Jean.

Naissance de Marie-Louise, 11 janvier 1817-AD49 [En ligne]
François Ruesche est le fils d’Urbain Antoine Ruesche, cultivateur à Saint-Lambert et de feue Perrine Dufour, décédée dans la même commune le 22 juillet 1830. Après la célébration de l’union par Monsieur le maire de Beaufort François Béritault, le jeune couple s’installe au domicile de François. Il faut attendre quatre années pour que naisse leur premier enfant. En 1841, François présente à l’officier de l’état civil de Saint-Lambert une petite Alexandrine. Elle épousera le cocher originaire des Deux-Sèvres André Auguste Gallas en 1864. En 1849, vient au monde Alexandre-François Ruesche qui décédera chez son père à l’âge de 18 ans. Enfin, le 27 janvier 1853, c’est au tour de mon aïeule Marie-Louise Ruesche de venir au monde.
L’année 1853
Dans l’édition du mardi 6 décembre 1853, entre les chroniques de la guerre de Crimée et le décès du duc de Richemont, fils supposé de Louis XVI, mon ancêtre François Ruesche fait publier un article annonçant la disparition inquiétante de Marie-Louise, qui n’a pas donné de nouvelles depuis le vendredi 2 décembre. L’annonce nous dit que la disparue souffre « d’aliénation mentale ».

L’Echo Saumurois – Édition du 6 décembre 1853-Archives de la ville de Saumur [En Ligne]
Trois années plus tard

La Loire aujourd’hui, entre Saint-Lambert-des-Levées et Saint-Hilaire-Saint-Florent – Image provenant de Google Earth
Trois années passent sans nouvelle de Marie-Louise, jusqu’à ce 15 janvier 1856. Même si la Loire a une réputation pour être un cours d’eau tempétueux, nul doute que le marinier François Verneau ne s’attendait pas à faire une terrible découverte en se rendant à son travail. À Saint-Hilaire-Saint-Florent, sur l’autre rive de la Loire, en face de Saint-Lambert, M. Verneau trouve « sur la Loire le corps d’une femme noyé depuis long-temps ». Il fait appel au garde-champêtre, Pierre Fougerey. La police de Saumur est prévenue et le commissaire, un certain M. Martin**, accompagné du docteur Boilard (ou Boisard ?), font les constatations usuelles. Le lendemain, Verneau et Fougerey se rendent à la mairie de Saint-Hilaire-Saint-Florent pour que ce décès soit inscrit dans le registre de l’état-civil. Le maire, monsieur De la Frégeolière, signale que le corps de la défunte est réclamé par François Ruesche qui a identifié sa femme Marie-Louise, disparue il y a trois ans.

Acte de décès du 16 janvier 1856, Saint-Hilaire-Saint-Florent, A.D 49 [En ligne]
Notes
* Pour plus de renseignements sur la météo, cliquez ici. Vous pouvez aussi consulter les ouvrages du brillant historien Emmanuel le Roy Ladurie, en particulier Histoire humaine et comparée du climat: Disettes et révolutions 1740-1860.
** Le tampon des A.D. empêche la bonne lecture du nom du commissaire de police présent, déjà mal écrit.